II - Partie 2 : Les stars d'un jour et la justice

Publié le par JuMaLé

II - Partie 2 : Les stars d'un jour et la justice

Dans l’univers de la téléréalité des individus ordinaires vivent artificiellement des situations ordinaires. Des auteurs de programmes créent des situations inspirées de la vie réelle, dans lesquelles des personnes sélectionnées vont être intégrées afin de se donner en spectacle au quotidien. Les Candidats sont « piégés » dans un endroit fermé, ils ne peuvent donc pas echapper à la confrontation.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, première autorité de régulation à être intervenue pour réglementer la télé-réalité, a décréter trois idées fortes qui structurent ce genre :

- Enfermer dans un lieu clos des personnes ne se connaissant pas auparavant.

- Les observer et les enregistrer en permanence par le biais de caméras et micros.

- Les soumettre à un processus d’élimination progressive.

Tous les candidats à la téléréalité doivent signer un contrat de participation :

Il ne plane pas de doute sur le fait que les participants autorisent la société de production à exploiter leurs traits et de leur intimité sans limites. La société de production produisant Loft story avait stipulé « que les intéressés sont majeurs et doté d’un consentement éclairé  ». On peut légitimement juger que toutes les sociétés de production ont les mêmes exigences, et par conséquent que tous les postulants ont la majorité et la pleine capacité pour contracter.

En effet, tous les candidats ont signés un contrat de participation stipulant que les « caméras » peuvent TOUT filmer.

Les candidats de téléréalité n’ont donc aucune intimité mais la justice condamne ces émissions, la cour d'appel de Versailles a estimé que les participants de l'émission L'île de la tentation étaient liés à la société de production Glem par un contrat de travail. Or, celui-ci doit  imposer l'égalité des sexes, le respect de la vie privée et la non-discrimination et condamne le harcèlement moral, ce qui n’était pas vraiment visible dans l’émission.

La téléréalité n’est plus ce qu’elle était. En requalifiant en contrat de travail, la participation de 56 candidats à l'émission L'Ile de la Tentation, de TF1, la cour d'appel de Versailles, qui a suivi l'arrêt de la Cour de cassation du 3 juin 2009, a, très vraisemblablement, mis fin à ce type d'émission. Sous sa forme actuelle. L'application de la législation du travail, dans toutes ses composantes, aura des conséquences incalculables sur la téléréalité. Les sociétés de production ne pourront plus concevoir le même projet artistique qui implique une très forte dépendance des candidats.

« La vraie question n'est pas de savoir, à l'issue de ce jugement, si le public va continuer à regarder une émission de téléréalité produite avec des acteurs semi-professionnels et non plus des amateurs bénévoles, mais si l'on pourra exiger d'eux le même comportement, estime Fabrice Lorvo, avocat spécialisé dans la communication audiovisuelle. L'énoncé du droit du travail remet purement et simplement en cause, s'il est appliqué, le concept de téléréalité.»

La loi impose le respect de la vie privée, l'égalité des sexes, elle interdit toute forme de discrimination et condamne le harcèlement moral. Qui n’as jamais vu de discrimination sexuelle dans ces emissions ? La « voix » qui donne, dans Secret Story, par exemple, des ordres aux participants ne peut-elle être considérée comme du harcèlement ? La vision de candidats en pleurs ou au bord de l'hystérie suffira à convaincre la Justice du bien-fondé des plaintes déposées par certains ex-candidats. « Dans le droit du travail classique, tout ceci est parfaitement vrai, déclare Thibault Guillemin, avocat de TF1. En la matière, nous sommes dans le domaine de la téléréalité où les participants disposent de leur libre volonté. On ne les pousse pas à faire quelque chose qu'ils ne voudraient pas faire. »

Pour se prémunir, les sociétés de production comme Glem, Endemol, ALJ ou Fremantle doivent d'une part, informer les participants de la nature du travail qui les attend, de l'autre, leur faire signer des décharges en toute connaissance de cause, c'est-à-dire en les prévenant. « Comme on alerte un patient sur les effets indésirables d'un médicament, la production doit prévenir les candidats, affirme Thibault Guillemin. Acceptez-vous les sujétions qu'implique votre participation à cette émission ? Etes- vous prêt à accepter les séquelles psychologiques que vous pourrez connaître à l'issue de cette production ? De telles clauses figurent déjà dans de nombreux contrats et doivent naturellement être étendues. Elles ne doivent, en aucun cas, être imposées à quiconque, le libre arbitre étant la règle. »

A supposer que la Justice valide ce type de contrat de travail lorsqu'un candidat viendra le dénoncer, il n'est pas certain que cela dissuade les participants de participer à l’emission sans lire le contart avant. Aucun problème ne se pose, si l'on a affaire à des comédiens professionnels qui font souvent intervenir des agents, voire des avocats. Il est d'ailleurs intéressant de relever que la cour d'appel a versé, à chaque candidat de L'Ile de la Tentation, une somme de 1 000 euros par journée de travail, soit un total de 15 000 et 17 000 euros. Ce montant est d'ordinaire réservé à un acteur professionnel. Un comédien de la série Mafiosa, sur Canal+, ou de Plus belle la vie, sur France 3 perçoit généralement un forfait de 1 000 euros par jour tandis que le minimum syndical toléré par le Centre National de la Cinematographie est de 266 euros.

 

« Il est assez décevant de constater que la Justice ait fixé la barre des rémunérations aussi haute alors que ces candidats exercent un deuxième métier, reconnaît Thibault Guillemin. En revanche, nous sommes satisfaits que la cour d'appel ne leur ait pas reconnus le statut d'auteurs-interprètes. » Ce qui, pour le coup, aurait mis fin à la téléréalité, les candidats n’ étant donc plus des amateurs mais de professionnels.

Partie rédigée par Marianne.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :